top of page
Rechercher
Photo du rédacteurJérôme Jaquier

Interview avec une practicienne de yoga. Au-delà de la routine, tu dois être à l’écoute de ton corps

Dernière mise à jour : 24 janv. 2023

L'objectif principal est d'avoir une meilleure compréhension de l'état de la pratique de yogis afin que nous puissions leur enseigner selon leur aptitude à l'avenir. Cela devrait également permettre aux praticiens de mieux se positionner dans la pratique du yoga.




Ce mantra de paix est tiré du Krishna Yajurveda Taittiriya Upanishad (2.2.2) : saha nau Bhunaktu (Puissions-nous être nourris dans notre pratique); saha vīryam karavāavahai (Puissions-nous travailler ensemble avec de bonnes énergies); tejasvi navadhītamastu (Puissions-nous étudier avec efficacité).



①Quelle ville habites-tu ? Quelle est ton métier, quel âge as-tu, quels sont tes hobbies ?


En ce moment, je suis en transition, j’habite aucune ville, je suis à Lausanne et je vais à Antananarivo à Madagascar dans une semaine. Je travaille dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour l’aide humanitaire pour l’ONU et j’ai 32 ans. Mes hobbies sont l’art plastic, l’art visuel, dès que je peux, je vais visiter des musées. Et la nature, j’aime beaucoup aller me balader dans la nature. Et je pourrais dire aussi l’Ashtanga Vinyasa Yoga.



②Depuis combien d'années as-tu appris l'Ashtanga Vinyasa Yoga ? Pourquoi avoir choisir l'Ashtanga Vinyasa Yoga ?


J’ai découvert l’Ashtanga Vinyasa Yoga en 2015 en Palestine à Ramallah. C’était plutôt par hasard, j’ai découvert une étudiante de yoga assez avancée qui pratiquait depuis plus de 15 ans. J’étaits impressionnée par son dévouement à ça pratique, elle pratiquait chaque matin, elle avait toute l’hygiène de vie qui va avec, elle a étudié dans plein d’endroits différents dans le monde. Elle avait une magnifique maison à Ramallah. Elle devait avoir une certaine lassitude à pratiquer seul, elle a ouvert sa maison quand elle pratiquait, elle m’as dit si tu veux venir pratiquer avec moi le matin, tu es la bienvenue, et finalement, elle m’a appris la séquence. Et c’était pas mal parce qu’on était une toute petite communauté de yoga. Les gens là-bas ont autre chose à faire, il y a le problème de l’occupation. C’est plutôt le sport ou la religion qui est mise en avant. Il y a peu le concept d’avoir quelque chose de physique avec la spiritualité. Il y avait quelques Palestiniens et quelques expatriés qui pratiquait avec nous. C’était intéressant parce qu’elle a fait venir 2 professeurs de l’extérieur qui ont amené l’Ashtanga en Palestine et du coup, j’ai aussi appris avec eux. Je pratiquais avec mes copines et j’étais dédié à la pratique, je pratiquais 6 jours par semaine, j’ai fait ça pendant un an. On pratiquait ensemble et après on faisait nos petit déjeuner ensemble. J’ai un souvenir de l’Ashtanga, c’était un beau moment, c’était un moment à partager. Je n’ai jamais essayé d’autre pratique de yoga. Ce que j’aime avec l’Ashtanga, c’est que tu es indépendant, tu peux faire ça partout. C’était difficile au début de faire ça seul au parce que tu es vraiment confronté avec toi-même, mais du coup j’aime bien cette discipline, je peux pas commencer à rêver parce que je sais ce que je dois faire, le côté physique de l’Ashtanga ma plu. Au début avec l’Ashtanga, comme c’est une répétition de séquence je trouvais ça très ennuyeux, j’ai du mal avec la routine, mais ce qu’il y a de beau avec cette pratique c’est que chaque matin tu ressens ton corps différemment, ça te donne un moniteur de ton corps, j’ai une plus grande attention de moi-même, le corps te donne un message chaque matin. C’est ça qui est vraiment intéressant, au-delà de la routine, tu dois vraiment être à l’écoute de ton corps.



③Quelles difficultés as-tu rencontrée dans la pratique actuelle ?


J’étais très assidue en Palestine et après je me suis blessée au poignet et du coup j’ai arrêté pendant un an. C’était vraiment très difficile de mi remettre, parce qu'en plus, après je suis partie et j’ai pas mal voyagé. Je n’avais plus de prof et j’étais seul. La difficulté était de me remettre dans la pratique sans prof et sans communauté. En Palestine, ont était 4 ou 5, on était peut-être les seuls à faire du yoga, on pratiquait puis on buvait un thé en discutant, il y a avait vraiment cet état d’esprit de communauté. De ne plus avoir ça, c’était difficile.

Je peux aussi facilement m’inventer des excuses pour ne pas pratiquer. Et pourtant ce n’est pas tant de ne pas arriver dans certaines postures, ça ce n’est pas important pour moi. La prof avec qui j’ai commencé m’a laissée dans les salutations un certain temps avant de pouvoir continuer, puis elle me donnait d’autres postures seulement quand elle sentait que j’était prête. Donc, de ce côté-là j’ai appris que les postures ne sont pas si importantes que ça. Il y a un temps pour tout.


④Vous voyagez souvent, comment tu adapte à des environnements variés et continuer à pratiquer ?


C’était assez compliqué, j’ai beaucoup voyagé, j’ai pratiqué en Palestine, à Dakar, Rome, Athènes, en Syrie. Du coup, c’est intéressant parce que tu vois plein d’enseignants différents, donc tu vois différentes approches et tu apprends des choses différentes de chaque enseignant. Une autre chose positive de ça, c’est que je n’ai pas besoin d’avoir un beau studio et d’avoir mes habitudes avec ma place fétiche. J’ai pratiqué dans des petites chambres d’hôtel. En Palestine, l’hiver il n’y a avait pas chauffage, il faisait froid, ce n’est pas grave, tu pratiques bien habillé. J’ai assez de résilience, en fait, j’ai juste besoin d’un tapis. Par contre, tu ne noues pas cette relation avec un enseignant, cette stabilité que tu peux avoir avec, et c’est plus difficile de progresser, mais tu progresses d’une manière différente. J’ai eu fait des pratiques par skype avec des amis, on se connectait et on pratiquait sans se parler, ça t’aide pour voir que tu n’es pas seul. En Syrie, j’ai fait du yoga dans les salles de sport, ce n’est pas la même énergie et les aspects sont dirigés sur d’autres choses, mais ce n’est pas du yoga. On avait loué aussi une salle avec une amie, on pratiquait ensemble, puis elle est partie, après d’autres personnes sont venues et ils voulaient que je leur montre et que je leur enseigne, mais ce n’est pas moi, je ne me sentais pas de le faire, ça ne m’allait pas, je ne suis pas prof. J’ai juste envie de pratiquer. À moment donné, j’ai même payé une pratiquante en Palestine que je connaissais pour qu’elle me regarde par skype, mais elle ne pouvait pas vraiment me corriger à distance, elle ne m’entendait pas respirer, en fait, je la payais juste pour qu’elle me regarde, mais ça m’a permis d’avoir rendez-vous avec quelqu’un. Quand je ne pratique pas, je me sens moins bien. Il faut que j’instaure une régularité, mais je vois que ce n’est pas encore facile.


⑤Est-ce que la pratique du yoga produit des changements physiques et mentaux dans votre vie?


Il y a des choses très subtils qui viennent dans la pratique, je ne me rappel pas mal de fois avoir eu des émotions monté dans la pratique. Ça m’est arrivé deux fois de fondre en larmes sur mon tapis et je n’étais pas particulièrement triste, je pense qu’il y a quelque chose qui c’est passé. Je me rappel aussi avoir eu des nausées, j’ai l’impression que c’était la pratique qui faisait remonter les émotions. Physiquement, je sens que je me tiens beaucoup plus droite. J’ai eu fait du CrossFit avec des soulever de poids et du coup le yoga me permet de ne pas devenir complètement raide. En fait avec la pratique, je me sens juste mieux, j’ai un plus grand espace de mouvement. La souplesse ce n’ai pas très important, par contre de travailler les émotions, c’est plus intéressant. J’ai un travail assez stressant et la pratique me permet d’anticiper et de ne pas aller au-delà de mes capacités, de ce coté là, l’Ashtanga Vinyasa me permet de voir les signes avant la tempête. Ça me permet de mieux écouter le corps. Dans Savassana, je fais le body scan et je vois quand il y a des tensions, ça me permet d’en apprendre plus sur moi-même. J’ai découvert la méditation, et après la pratique, je trouve que c’est un moment opportun, c’est vraiment quelque chose de spirituel. Pour la technique de méditation, j’ai suivi les instructions de Goenka même si je n’ai pas fait Vipassana. Maintenant, j’ai besoin de méditer plus, c’est une médecine, ça me permet de mieux comprendre mes émotions. L’Ashtanga Vinyasa c’est bien ça fait travailler la force, la souplesse mais au-delà de ça c’est vraiment une pratique spirituelle. C’est le moment où je peux me reconnecter à moi, même si je fais que quelques salutations au soleil.

Comments


bottom of page